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vendredi 17 juin 2011

Erin Hart : La légende de la sirène



"La légende de la sirène" est un roman à suspense de Erin Hart, américaine passionnée de folklore Irlandais. L'intrigue se déroule entre la ville de Saint Paul, Minnesota, aux Etats-Unis, et l'Irlande; elle se dédouble, entre réalité et légende, en deux enquêtes.
D'une part, dans la réalité, à Saint Paul, le meurtre de Triona dont on n'a jamais retrouvé l'assassin. Sa soeur Nora Gavin soupçonne Peter Hallett, le mari de Triona, mais ne trouve aucune preuve convaincante de sa culpabilité. C'est pourquoi, extrêmement perturbée, dépressive, elle s'exile en Irlande pour travailler avec l'archéologue Cormac dont elle tombe amoureuse. Cinq ans après la disparition de Triona, en apprenant le remariage de Peter, Nora se sent assez forte pour retourner à Saint Paul. Elle est bien décidée cette fois à réunir des preuves pour confondre celui qu'elle continue à croire coupable et qui est une menace, pense-t-elle, pour sa nouvelle épouse mais aussi pour Elizabeth, fille de Peter et de Triona.
D'autre part, au siècle passé, dans le village du père de Cormac, la disparition de Mary Heaney, jeune femme soupçonnée d'être une Selkie. La Selkie, dans le folklore irlandais, est une femelle phoque venue sur terre sous la forme d'une créature humaine pour changer de peau. Retenue prisonnière loin de son élément naturel, la mer, mariée à un homme "terrestre" et devenue mère, la Selkie garde la nostalgie de son origine mais ne peut redevenir phoque que si elle retrouve la dépouille qu'on lui a dérobée. Oui, mais, ces disparitions de Selkie ne couvriraient-elles pas des crimes sordides, en particulier, dans le cas de Marie Heaney? C'est ce que se demandent la sociologue Roz Byrne et Cormac.
Le récit se lie avec beaucoup de plaisir et l'on est pris par cette double enquête bien menée et passionnante. L'écrivain utilise, d'une part, les moyens les plus modernes d'investigations en matière de criminalité en faisant appel à la génétique des populations, à la botanique criminalistique. Nous apprenons ainsi ce qu'est "la Floerka persrpinacoïdes", "la fausse Sirène", plante qui va jouer un grand rôle dans l'enquête.. D'autre part, Erin Hart nous introduit dans le monde féerique du folklore et la musique irlandais avec la belle chanson en gaélique an "Mhaighdean Mhara" ("La Sirène") qui a inspiré l'intrigue et le titre. Erin Hart nous amène dans le Donegall mystérieux, sur les falaises battues par le vent, à la rencontre des phoques au regard liquide.. Elle l'habileté de laisser le Fantastique s'introduire dans l'histoire par le biais de personnages comme Triona et Elizabeth à la sensibilité si proche du Merveilleux celte, amies des créatures marines, femmes-phoques?
Je crois que ce que j'ai vraiment aimé dans ce livre, c'est son originalité. Il s'agit, bien sûr, d'un roman  avec une intrigue policière classique qui joue sur les ressorts du suspense mais l'introduction du folklore irlandais, du Merveilleux celte, donne une tonalité nouvelle au genre.
dailogues-croises-capture-d_ecran-2010-05-27-a-10-14-261.1304455409.png Merci à Dialogues croisés et aux éditions Payot

mercredi 8 juin 2011

Shakespeare : un biographie de Bill Bryson

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Dominique  m'a  très sympathiquement autorisée à utiliser son article sur la biographie de William Shakespeare pour notre challenge Shakespeare.
Voilà ce qu'elle écrit dans son blog : A sauts et à gambades
Une énième biographie ? oui mais avec la faconde de Bill Bryson qui annonce dès le début qu’il va faire court car sur Shakespeare on ne sait ...rien ou presque rien.
Il se moque allègrement des érudits qui avec ce rien ont réussi à remplir des livres. Car nous dit-il, il est plus rapide de faire la liste de ce qu’on sait de William Shakespeare que de ce qu’on ignore,  par exemple son portrait « Qui pourrait tout aussi bien être le portrait de quelqu’un d’autre ».

Rien : pas une lettre, pas un manuscrit , avouez que c’est rageant pour un homme qui a écrit environ 900 000 mots, on a en tout et pour tout sa signature au bas d’un testament !

Shakespeare_Portrait_Comparisons_2.JPG
" Nous sommes tous capables de reconnaitre une représentation du Barde dès que nous en voyons une, et pourtant nous ne savons pas vraiment à quoi il ressemblait"
On ignore à peu près tout de sa vie, de sa famille, de sa santé, il y a 8 années où on n’ignore où il était et ce qu’il faisait. Le peu que l’on sait est incertain « l’équivalent littéraire d’un électron » Alors comparez ça avec les quelques sept mille volumes consacrés au Barde à la Bibliothèque du Congrès !
Des bruits ont courus, des hypothèses ont été posées sur la réalité de l’auteur d’Hamlet, on a voulu faire porter la paternité de l’œuvre de Shakespeare à Bacon, mais attention Bill Bryson nous dit que là comme sur le reste «personne n’a jamais produit le moindre commencement de preuve ».
Si on ne peut parler de la vie de Will que dire ? Bill Bryson livre un tableau complet de l’époque « Un monde qui manquait d’habitants et qui avait bien du mal à garder ceux qui y naissaient » époque de turbulences religieuses, de grandes épidémies « La plus grande performance de Shakespeare ne fut pas d’écrire Hamlet mais de passer le cap de la première année » écrit-il avec malice.
Il nous introduit dans les moeurs de l’époque, on croise Ben Jonson et Christopher Marlowe, on apprend que les théâtres n’avaient ni rideau ni décor. Lire la suite ici

mardi 16 septembre 2008

Les cochons au paradis de Barbara Kingsolver





J'ai lu Les cochons au paradis dans la foulée, après avoir fini l'Arbre aux haricots, dont il est, en fait, la suite. Turtle a six ans; elle vit avec Taylor et Jaz, musicien de rock, très amoureux de Taylor. Mais elle passe à la télévision pour avoir sauvé un jeune homme, simple d'esprit, tombé dans le déversoir d'un barrage. Annawake, une avocate cherokee, la voit, apprend qu'elle a été adoptée illégalement par sa mère et décide de la rendre à sa tribu. Taylor s'enfuit avec sa fille qu'elle a peur de perdre. C'est sa mère, Alice, qui va rencontrer la nation cherokee pour négocier avec elle, prétexte à l'auteur pour nous présenter la réserve, les coutumes et la mentalité des indiens.
Ecrit en 1993, cinq ans après l'autre, le roman exploite des thèmes  toujours aussi généreux : dénonciation du racisme, défense des droits des indiens, procès de la misère non seulement des indiens mais aussi des travailleurs issus de classes  sociales modestes. Ainsi Taylor n'arrive pas à gagner sa vie pour élever sa fille quand elle est seule. Thème aussi de la solidarité (très forte chez les indiens) qui est le seul moyen de survivre dans un pays qui pratique le "Aide-toi le ciel t'aidera "et n'a que mépris pour ceux qui ne réussissent pas.
Mais il me paraît pourtant moins réussi que le premier. Je n'ai retrouvé qu'à certains moments la veine qui parcourt L'arbre aux haricots. Certes, il y encore quelques dialogues savoureux qui révèlent des personnages chaleureux comme celui d'Alice et de Jazz au téléphone. De temps en temps l'humour est là comme dans la scène avec l'abricotier lorsque Taylor s'efforce de chasser les oiseaux qui mangent les fruits ou lorsque tous se disputent à propos de l'organisation de la fête du mariage alors que la principale intéressée n'a pas encore dit oui... Le roman m'a fait parfois l'effet d'être un peu démonstratif et le happy end me paraît un peu trop conte de fées dans un pays qui ne s'y prête pas. Le personnage d'Annawake est conventionnel, il n'a pas la vie, la chaleur des autres et Turtle et Taylor sont moins présentes. Je n'aime pas non plus, mais là, c'est un goût personnel, l'emploi du présent de narration qui me fait l'effet d'une coquetterie stylistique. Bref, un bémol très net par rapport à L'arbre aux haricots.

samedi 13 septembre 2008

L’arbre aux haricots de Barbara Kingsolver






Dès qu'on ouvre les premières pages de L'arbre aux Haricots on sent que l'on est en bonne compagnie, celle d'un écrivain qui a des choses à dire et qui les dit dans un style personnel avec des images vigoureuses et poétiques à la fois, de l'humour et de la conviction. C'est pourquoi j'ai été tout de suite accrochée par le roman.
Les thèmes abordés par l'auteur sont passionnants. Il y tout d'abord  celui de l'amour maternel entre Taylor et sa mère Alice (une femme d'une grande force morale), celui que Taylor va nouer peu à peu avec Turtle, la petite fille cherokee dont elle "hérite" bien malgré elle...
L'amitié aussi est importante et Barbara Kingsolver brosse des portraits de femmes passionnants avec leur beauté, leur faiblesse aussi. Je pense à Mattie, extraordinaire dans sa compréhension des autres et dans sa lutte pour venir en aide aux réfugiés clandestins. Lou Ann, si fragile, bousillée par une mère et une grand mère destructrices... L'auteur a une manière convaincante et chaleureuse de faire vivre tous ces personnages, de nous les faire aimer; un talent aussi pour décrire l'enfance. Turtle est un personnage attachant qui est mis en scène sans mièvrerie et avec beaucoup de tendresse..
La société américaine est présentée aussi dans ce roman avec son indifférence voire son mépris pour les pauvres, les indiens (ici les Cherokee), les réfugiés politiques  que l'on renvoie chez eux bien qu'ils soient condamnées le plus souvent à une mort certaine (beaux personnages de Estevan et Esperanza, guatémaltèques exilés, cachés par Mattie), bref, une société qui rejette tous les déshérités de ce monde.
Un très beau roman donc qui n'est pas sans me rappeler le Steinbeck de Tendre Jeudi par la tendresse et l'humanité qui émanent des personnages de classe modeste, bien souvent des exclus de la "bonne"société.
Résumé du roman :  Taylor Greer n'a qu'une idée, quitter le Kentucky au volant de sa vieille voiture délabrée, car elle ne veut pas subir le sort de toutes des filles du pays  sans travail, sans avenir, qui tombent enceintes et se marient avant même d'avoir commencé à vivre. Mais dans le désert de l'Oklahoma  à la sortie d'un bar, une femme lui "donne" une enfant, petite indienne cherokee. La voilà mère malgré elle. Elle va s'attacher à la fillette qui a subi des violences et qui s'accroche à elle comme une tortue à sa proie. D'où le nom que lui donne Taylor : Turtle. Taylor et Turtle vont s'installer dans  l'Arizona, à Tucson . Là, Taylor grâce à ces nouvelles amies, Mattie et Lou Ann, va se mettre au travail et tisser avec la petite fille des liens très forts.

Barbara Kingsolver