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vendredi 12 août 2011

Henry Wadsworth Longfellow : Evangeline, le mythe acadien



Evangéline de Henry Wadsworth Longfellow, écrivain américain (1807-1882) est un long poème qui raconte la déportation des Acadiens au XVIIIème siècle,  à travers le personnage devenu célèbre d'une jeune fille, Evangéline.

Pour comprendre le récit, il faut un peu d'Histoire canadienne*. La colonie français de l'Acadie fondée en 1604 est située entre la Nouvelle-France et la Nouvelle-Angleterre. En 1713, par le traité d'Utrecht, la France cède l'Acadie à la Grande-Bretagne. Les Acadiens sont obligés pour rester sur leurs terres de prêter serment à la couronne d'Angleterre. Certains refusent car ils ne veulent ni abdiquer la religion catholique, ni prendre les armes contre les français en cas de conflit. La question est réglée par un serment d'allégeance qui leur permet de rester neutre et les Acadiens vivent en paix dans leur pays fertile et prospère. Mais lorsque la guerre reprend entre les deux Puissances en 1744, les tensions réapparaissent et en 1755 le conseil de la Nouvelle-Ecosse décide de déporter les Acadiens et de  les envoyer dans les colonies anglo-américaines de la côte Atlantique.
Leurs biens et leurs terres sont confisqués au profit des colons britanniques. Il faut dire que l'Acadie était une terre riche et donc convoitée.


Dans un vallon riant où mouraient tous les bruits,
Où les arbres ployaient sous le poids de leurs fruits,
Groupant comme au hasard ses coquettes chaumines,
On voyait autrefois, près du Bassin des Mines,
Un tranquille hameau fièrement encadre,
C'était sous un beau ciel, le hameau de Grand Pré.
In the Acadian land, on the shores of the Basin of Minas,
Distant, secluded, still, the little village of Grand-Pre
Lay in the fruitful valley. Vast meadows stretched to the eastward,
Giving the village its name, and pasture to flocks without number.
Dikes, that the hands of the farmers had raised with labor incessant,
Shut out the turbulent tides; but at stated seasons the flood-gates

La déportation se fait en bateau avec brutalité, dans le désordre le plus complet :

Malgré les pleurs brûlants et les plaintes amères
On sépare, en effet, les femmes des maris,
les frères de leurs soeurs, les pères de leurs fils!.
.

Beaucoup d'Acadiens périssent noyés pendant le voyage. Commencée en 1755, la déportation continuera jusqu'en 1763. On estime à 10 000 le nombre d'individus déplacés pendant cette période. En 1764, les Acadiens sont autorisés à revenir en Nouvelle-Ecosse à condition de prêter le serment d'allégeance et de vivre par groupes dispersés. Certains ne reviendront pas et peupleront les colonies du Massachussetts à la Géorgie. Les années d'exil et d'errance ont duré selon les familles de dix à soixante ans.
En 1845, Henry Wadsworth Longfellow apprend, de la bouche d'un canadien français, l'histoire vraie de deux jeunes mariés séparés par la Déportation et les recherches de la mariée pendant des années à travers l'Amérique pour retrouver celui qu'elle aime. Ce récit l'émeut et c'est ainsi que paraît en 1847 ce long poème romantique d'une centaine de pages  : Evangeline, a tale of Acadie.
Dans la première partie du récit de Longfellow décrit la vie à Grand Pré, le village d'Evangéline,  une vie champêtre très rousseauiste, jusqu'au moment de la déportation. La deuxième partie décrit l'errance d'Evangéline à travers les Etats-unis d'Amérique jusqu'au moment où, âgée, elle finit par retrouver Gabriel sur son lit de mort.
L'histoire d'amour tragique de Gabriel Lajeunesse et Evangéline Bellefontaine eut un retentissement immédiat et est inscrite aujourd'hui dans le patrimoine littéraire mondial.. De plus, Henry Longfellow a donné aux Acadiens une épopée à la mesure de leurs souffrances tandis que le personnage d' Evangeline est devenu le symbole de leur appartenance à l'Acadie.
J'ai choisi cet extrait situé vers la fin du poème après la mort des deux amants. Longfellow nous ramène  vers le présent, dans le pays acadien occupé maintenant par les anglais.

C'est l'antique forêt... Noyés dans la pénombre,
Vieux et moussus, drapés dans leur feuillage sombre,
Les pins au long murmure et les cyprès altiers
se balancent encore sur les fauves sentiers;
Mais sous le frais ombrage et sous leur vaste dôme,
On entend murmurer un étrange idiome,
On voit jouer, hélas! les fils d'un étranger!...
Seulement près des rocs que le flot vient ronger,
On voit de place en place un paysan rustique.
C'est un Acadien, dont le pieux aïeul
Ne voulut pas avoir autrefois pour linceul,
La terre de l'exil. Il vient bravant le maître,
Mourir aux lieux aimés ou Dieu l'avait fait naître.
Still stands the forest primeval; but under the shade of its branches
Dwells another race, with other customs and language.
Only along the shore of the mournful and misty Atlantic
Linger a few Acadian peasants, whose fathers from exile
Wandered back to their native land to die in its bosom;

* Voir la préface de Sally Ross et Barbara Leblanc dans l'édition française : Nimbus publishing limited





 J'ai acheté ce livre en version française lors d'un voyage au Québec