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samedi 29 novembre 2008

Musée haut, Musée Bas de Jean-Michel Ribes : une déception!



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Le petit bonhomme de Télérama, vous savez bien? Celui qui a une petite mèche noire dressée sur le crâne et qui  dit "bravo", "bien" "bof" "hélas"?  Et bien il arborait un petit sourire de contentement  cette semaine dans le journal et il proclamait "bien" avec satisfaction pour le film de Jean-Michel Ribes :  Musée Haut, Musée bas. Qui plus est, il y avait un énorme battage publicitaire autour de ce film..
Donc je suis allée le voir et j'ai été déçue. Certes, l'idée est bonne, montrer le musée et ses coulisses, ceux qui le font et ceux qui le visitent. Certes, il y avait matière à bons mots et à rires  soit que l'on veuille souligner le snobisme d'une intelligentsia formatée, soit que l'on souligne l'ignorance ou la naïveté des non-initiés et dans de nombreux cas la sottise des uns et des autres. Certes, aussi, l'art contemporain pouvait prêter à la critique et amener à une réflexion sur l'essence de l'art.  Encore aurait-il fallu que cela soit réalisé avec nuance et légèreté.
Par exemple, on peut ne pas aimer Gilbert and George, je le comprends très bien, mais de là à nous infliger pendant plusieurs épisodes la vision de deux cabotins affublés de costumes et de noms ridicules posant "en sculptures vivantes", c'est trop! "Malicieux" "Subtil"? pour reprendre les termes d'Aurélien Ferenczi dans Télérama... Pour ma part, je ne vois pas trop où est la subtilité! Lourd! Irrémédiablement lourd!
Quant à la scène ou ce sont les visiteurs eux-mêmes qui deviennent le sujet de l'oeuvre exposée, dont on nous parle avec admiration, oui, elle aurait pu être prétexte à la poésie comme il arrive dans une oeuvre conceptuelle réussie.  Mais là, je n'ai pas trop su si le réalisateur avait voulu souligner la "beauté"? ou le "ridicule"? de cet art. Car pour qu'il y ait poésie, il aurait fallu arrêter ces bavardages insipides et laisser l'image parler, magnifier les personnages. Ce qui n'est absolument pas le cas, ici. La parole est l'apanage du théâtre, l'image du cinéma même s'il peut y avoir, bien sûr, interférence.
Le film apparaît trop souvent comme  une succession de gags qui pourraient faire rire s'ils n'étaient pas aussi longs et répétitifs. A en crier! Quand on a vu une fois, deux fois, trois fois... le guide en train d'essayer de faire prononcer Paul Gauguin à des étrangères, quand la famille égarée n'en finit pas de chercher le parking où elle a laissé sa voiture, quand la mère s'acharne à poursuivre son fils de ses assiduités, on  finit par éprouver le même agacement et la même lassitude qu'eux et on aimerait bien que cesse leur martyre pour soulager le nôtre! Un comique lourd, vulgaire et qui aurait demandé à être traité avec plus de mesure.
Et puis il l'aspect  théâtral ou plutôt café-théâtre: la scène des mammouths par exemple pourtant interprétée par d'excellents acteurs..  Ah! Fabrice Luchini que j'apprécie tant! Qu'est-il allé faire dans cette galère! Mais il ne s'agit ni de cinéma, ni de théâtre, d'un sketch assez plat, tout au plus.
Le pire c'est que le film n'est pas nul. Il y a même des moments où l'on  rit, où l'on trouve l'idée séduisante. Ainsi le visage de Dussolier, ministre, quand il arrive à l'exposition et qu'il ne sait trop quoi en penser et son soulagement quand on lui souffle ce qu'il faut dire! La scène montre comment l'art se fabrique, comment une petite élite snobinarde peut faire et défaire des artistes sans y comprendre goutte; les discours pseudo-intellectuels qui accompagnent une certaine forme d'art sont parfois réussis aussi. De temps en temps, les mouvements des personnages, les entrées, les sorties, créent une animation bienvenue.
C'est à cause (grâce?) à ses qualités que l'on reste jusqu'à la fin partagée entre l'intérêt que l'on commence à éprouver pour une scène et l'irritation qui naît quand on la voit ratée, quand elle n'aboutit ni à une vraie réflexion sur l'art, ni à un humour vrai.

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